Ce soir-là, je n’attendais rien.
J’étais juste sorti, une serviette sur les épaules, les cheveux encore humides.
La neige avait fondu dans la journée — pas totalement, juste assez pour laisser les pierres du chemin à nu.
Il faisait froid, mais pas trop. Ce froid sec qui ne mord pas, qui réveille doucement.
Je me suis installé sur la terrasse, d’abord.
Les mains autour d’une tasse fumante, le regard un peu perdu.
Et puis il était là. Le Mont Pourri. Immobile. Doré. Comme sculpté dans la lumière du soir.
Ce n’était pas la première fois que je le voyais, bien sûr.
Mais ce soir-là, quelque chose avait changé.
C’était moi, peut-être. Ou l’angle. Ou juste le fait d’avoir enfin pris le temps de le regarder — vraiment.
Le silence était profond.
Pas un bruit, à part peut-être la neige qui gouttait des branches.
La vallée s’endormait lentement, les couleurs basculaient du bleu pâle à l’ocre chaud.
Je me suis glissé dans le bain nordique sans trop réfléchir.
L’eau fumait autour de moi, contrastant avec l’air vif sur mon visage.
C’était presque irréel.
Flottant dans la chaleur, le regard accroché aux crêtes, les épaules relâchées pour la première fois depuis des semaines.
À ce moment-là, je n’ai pas pensé à ma to-do list, ni à mon téléphone qui chargeait à l’intérieur.
Je n’ai pas cherché à comprendre.
J’ai juste été là. Entièrement.
Et j’ai senti une paix discrète s’installer, entre deux souffles, entre deux flocons.
C’est peut-être ça, finalement, le vrai luxe :
Pas les choses qu’on possède, mais les instants qu’on habite.
“Je n’ai jamais aussi peu parlé. Et pourtant, j’ai rarement autant dit merci.”