Un matin face au Mont Pourri
Certains levers de soleil restent gravés dans la mémoire.
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Il y a ces levers de soleil qu’on n’oublie pas.
Et puis il y a ceux que l’on voudrait revivre, encore et encore.

C’était un matin d’hiver. Le silence semblait suspendu dans l’air gelé.
Depuis la terrasse du Chalet Irène, une tasse fumante entre les mains, je regardais la brume danser au-dessus de la vallée.
Et là, face à moi, le Mont Pourri. Majestueux. Immobile. Parfaitement là.

Ce nom toujours surprenant, presque ironique, contraste avec la puissance qui s’en dégage.
Ses arêtes dessinées dans le ciel bleu pâle, ses cimes enneigées encore dorées par la lumière de l’aube…
Un décor qui semble sorti d’un tableau, mais qu’on vit, en chaussons, emmitouflé dans un plaid, dans le silence parfait d’un matin en altitude.

Le rituel du matin ici a une saveur particulière.
Le café n’a jamais été aussi bon.
Même les tartines semblent avoir plus de goût.
Est-ce la montagne, le calme, le bois qui craque doucement dans la cheminée ?
Peut-être un peu de tout ça. Ou simplement l’espace qu’on s’offre enfin pour respirer.

Sur la grande table, un carnet de croquis abandonné.
Une page remplie de mots écrits à la hâte. Un enfant qui dessine un bonhomme de neige.
Un silence partagé. Un regard complice.
Ici, le temps reprend sa juste mesure.
Ni trop lent, ni trop rapide. Il suit le rythme des flocons qui tombent sans bruit.

Et puis vient le moment du bain nordique.
L’eau chaude contraste avec l’air vif.
On y glisse lentement, les épaules frissonnantes, et on regarde le paysage en se disant qu’on est exactement là où on devait être.

“Ce matin-là, j’ai compris que le luxe, le vrai, c’était peut-être ça :
avoir le temps de s’émouvoir d’une montagne.”